C'est dans la cuisine de l'école Brizeux qu'il a appris sa victoire. À l'écart de la foule, massée devant le grand écran levant le secret des urnes. Michaël Quernez ne voulait pas revivre, en public, la veste prise par sa liste en 2008. « Cet échec m'a beaucoup touché. Dimanche, j'étais avec une colistière et on nous téléphonait les résultats. Les 1 000 premiers suffrages nous portaient victorieux, à 53 %. » C'est après l'annonce du score définitif de 54,07 %, rendant la ville de Quimperlé à la gauche, qu'il a fendu la foule, prononcé quelques mots de remerciement, et laissé, enfin, la pression retomber, dans les bras de ses soutiens et colistiers.
La victoire de cet enfant du pays, né d'un père cuisinier, passé par le syndicalisme et l'expérience municipale, à Moëlan-sur-Mer, et d'une mère qui fit plusieurs boulots, de caissière à ambulancière, est l'aboutissement d'un parcours politique fulgurant. Démarré en 1997, aux côtés du ministre Louis Le Pensec. Michaël Quernez, diplômé en communication politique à la Sorbonne, effectuait un stage à l'Assemblée nationale. Il avait frappé à la porte du Mellacois. « Je suis de Quimperlé », s'était présenté le militant socialiste. Devenu ministre de l'Agriculture et de la Pêche, le grand Louis s'en était souvenu, ainsi que du bon travail de l'étudiant. Celui qui rêvait de devenir journaliste devint chargé de mission au cabinet du ministre, puis assistant parlementaire du sénateur. Il fut ensuite celui du député Gilbert Le Bris.
La suite est connue, dans la ville ouvrière : Daniel Le Bras fait de lui, en 2001, son premier adjoint. Puis il décroche la présidence de la communauté de communes, à une voix près, l'année suivante. Il a 30 ans. Pendant six ans, Michaël Quernez s'applique à « rassembler et chercher le consensus ». Huit maires de sa sensibilité, huit maires de l'opposition siègent à l'assemblée communautaire. Le président obtient régulièrement des votes à l'unanimité. Les relations sont pacifiées. Son objectif est atteint. Pourtant, il ne rempilera pas. Le score des municipales en décide autrement.
Ancien colistier et militant au Parti socialiste, Christian Le Parc, membre aujourd'hui du Parti de gauche, reconnaît que « Michaël Quernez est soucieux du consensus. Même avec ses opposants, il peut dialoguer. Et faire avancer la collectivité ».
« Oui, je fais de la politique »
Michaël Quernez est aujourd'hui vice-président du conseil général du Finistère, en charge de l'insertion et de l'économie. « C'est une personne sérieuse, qui travaille, commente son président, Pierre Maille. Avec lui, le relais est pris à Quimperlé. Et la gauche conserve l'impulsion, à la Cocopaq. » Ses amis lui attribuent les mêmes qualités, avec, en haut de la liste, la fidélité et l'honnêteté. « Il l'est dans ses engagements humains et politiques », souligne Sébastien Miossec, maire socialiste de Riec-sur-Bélon. « Il aime les citoyens, est fidèle, loyal et ne rompt jamais les fils du dialogue », estime son mentor, Louis Le Pensec. « Je le connais depuis ses débuts, c'est un homme de confiance », appuie l'ancien maire Daniel Le Bras. C'est à partir de l'expérience acquise auprès de ces deux-là que Michaël Quernez a grandi.
Évidemment, tous ne saluent pas les ambitions du Quimperlois. « C'est un carriériste, estime le leader du NPA (Nouveau parti anticapitaliste) local, Éric Rudwill. Il était mobilisé aux côtés des salariés, pour la défense des retraites, sous l'ère Sarkozy. Il ne l'est plus depuis qu'Hollande est président. » « C'est un homme cordial, convient Alain Pennec, maire de Quimperlé jusqu'à samedi prochain. Mais c'est un politicien. » Qui a donné du grain à moudre à la majorité sortante, sur plusieurs dossiers : déplacement de l'office de tourisme, exposition estivale consacrée aux peintres de Quimperlé...
Les qualificatifs déplaisent fortement à son successeur. « Oui, je fais de la politique. Oui, je m'investis dans la vie publique. Mais c'est quelque chose d'honorable », rétorque-t-il. Hors mandats, le Quimperlois, supporter du FC Lorient et grand lecteur de Julien Gracq, préside Finistère tourisme et, depuis mars 2013, le Bureau régional d'étude et d'information socialiste (Breis). Depuis avril 2010, il est le secrétaire général du groupe socialiste Région Bretagne, poste qu'il va quitter, comme il s'y était engagé. Restent posées les questions de sa candidature à la présidence de la Cocopaq et de ses ambitions au Conseil général. « Ce sera l'un ou l'autre, deux mandats, pas un de plus. Je suis élu maire de Quimperlé, pour six ans. Je le serai pleinement », déclare celui qui sera intronisé le 5 avril, en fin de matinée.
Textes : Angélique CLÉRET.
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