Mesdames et Messieurs…
L’Histoire de notre cité restera à jamais marquée par ces 8 et 11 janvier, ce 15 novembre 2015 où nous étions quelques milliers Place Charles De Gaule et St Michel.
Des milliers à Quimperlé, des millions en France, à être debout, à sourire et pleurer, à résister.
Alors bien sûr cette résistance s’exprime par des mesures comme l’État d’Urgence, la révision de la Constitution, ce « pacte sécuritaire », composé de mesures policières, judiciaires ou militaires.
Mais c’est aussi, nous le pressentons bien, avant tout et surtout, la volonté de préserver ce « vivre ensemble » auquel nous sommes viscéralement attachés.
C’est exprimer notre détermination inébranlable à faire vivre la démocratie, la liberté d’expression, de conscience et de croyance.
C’est porter dans la dignité les valeurs qui fondent notre pacte républicain, de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité, creuset de notre citoyenneté.
C’est dire ce que nous sommes et ce en quoi nous croyons : en la diversité, en la mixité, en la différence, sources de richesses.
C’est ouvrir grand nos yeux et nos portes sur les autres et le monde, pour mieux connaître et comprendre.
C’est reconnaître que la culture est, à n’en pas douter, la meilleure réponse, une « arme de destruction massive » pour se libérer des servitudes et de l’obscurantisme.
Cette résistance, c’est opposer « l'invincible humanité de la culture à la barbarie des terroristes » ; pour reprendre les mots de notre Président de la République.
C’est ouvrir toujours plus les bibliothèques, nos salles de spectacle, nos cinémas, nos salles associatives, nos terrasses de cafés.
A Quimperlé cette résistance c’est aussi un symbole, la salle d’exposition de notre médiathèque désormais nommée salle « Charlie Hebdo » qui accueillera notamment de mars à mai 2016, la liberté de création du grand peintre-graveur Pierre ALECHINSKY dont on pourra découvrir l’art transgressif et libérateur, à travers une vingtaine de ses œuvres et un programme ambitieux de médiation culturelle pour que la poésie de l’art soit à la portée de tous.
C’est également ce mur citoyen à l’entrée du Coat-Kaër. Ces visages d’ici et du monde, réunis. C’est donner la parole à la jeunesse de notre cité grâce au travail du Club Unesco. Je les cite : « Nos différences de cultures, de religions, de couleurs de peau, d’âge, de sexe, doivent faire notre force et non nous opposer. Le bien vivre ensemble c’est s’ouvrir aux autres, c’est s’ouvrir au monde, c’est être solidaires ».
C’'est encore notre seconde Semaine internationale « Regards croisés sur le monde ». Après le Vietnam l’année passée, l’Afrique du Nord nous a offert des moments joyeux, festifs et riches de rencontres, des débats de grande qualité, emprunts de respect, de tolérance et d'écoute, dans un contexte oh combien délicat. Cette année l’Inde nous ouvrira de nouveaux horizons.
Cette résistance c’est de ne pas fermer les yeux sur le drame des réfugiés. Ville ouverte aux autres et au monde, Quimperlé possède un Centre d'Accueil pour Demandeurs d'Asile de 80 places.
Elle permet aussi à 13 jeunes mineurs isolés étrangers, essentiellement d'origine africaine, d'avoir un toit et de se construire un avenir.
Résister c’est le parrainage républicain d’une famille arménienne en juillet dernier.
Résister c’est être solidaire sans faire de distinction entre les solidarités. Nous devons à la fois tendre la main aux réfugiés de guerre et aux Quimperlois qui souffrent de la précarité économique et sociale.
Que les bénévoles infatigables des associations caritatives, de l’épicerie sociale, des Restos du Cœur, de la Croix Rouge, du Secours Catholique, de St Vincent de Paul, du Secours Populaire, d’Emmaüs et de la « dernière-née » Cent Pour un Toit soient remerciés pour leur attention quotidienne en soutien aux exclus de cette société qui n’a de cesse de se fracturer.
Résister c’est être, au lendemain des attentats de novembre dernier, au pied de l’arbre de la liberté dans le parc de la Mairie auprès de Koudédia Kéïta, Présidente de Marche en Corps, avant son départ à Bamako.
C’est aussi notre second rendez-vous en mars prochain de « Sous les paupières des femmes », pour illustrer combien l'implication des femmes dans le monde et les sociétés ouvrent des perspectives militantes, innovantes, créatrices et progressistes. C’est ne jamais passer sous silence qu’à chaque fois qu’une femme est niée dans son existence même, c’est l’humanité qui est détruite en son cœur battant.
Alors, si dans ces moments dramatiques et troublés, nous nous posons tous des questions, et si nous sommes parfois gagnés par la peur et le rejet de l’autre, voire la haine ; ne perdons jamais de vue que c’est bien cette idée même de la France : ses valeurs, sa jeunesse, sa vitalité, sa culture, son art de vivre que ces tueurs ont voulu atteindre. Ici en France, mais aussi à Tunis, Bamako, Beyrouth, Sousse…partout où souffle un vent d’émancipation et de liberté.
Résister c’est contribuer aux échanges interculturels et pour ceux qui ont la foi faire du dialogue entre religions le chemin du refus de toute radicalisation.
Pour toutes ces raisons, à Quimperlé, 2016 sera donc culturelle, et culturelle encore, car la culture est un puissant levier de cohésion sociale, l’expression d'une identité locale et d’un bien vivre ensemble.
En 2016, Quimperlé, ville de cultures, cité fière de son patrimoine et de son identité va vivre au rythme de Taol Kurun, mettre à l’honneur Michel Thersiquel en partenariat avec le Port Musée de Douarnenez, l’association des Amis de Thersi et la Galerie4 de Cheb en Tchéquie, Glenmor aussi ; après avoir fêté toute l’année passée le bicentenaire de la naissance de Théodore Hersart de La Villemarqué et donné à découvrir le travail de Pascal Jaouen, entre tradition et modernité.
Nous poursuivrons également la restauration de notre patrimoine avec l’hôpital Frémeur et la chapelle Saint–Eutrope. Et nous verrons, je l’espère, Notre-Dame chanter enfin du souffle de son orgue.
Et bien sûr, nos rendez-vous traditionnels de l’été : Mercredis musicaux, fête du 14 juillet, Festival des Rias, Cinéma dans la Prairie, et les Journées du Patrimoine qui nous permettront de nous retrouver et de vivre ses moments simples de la vie qui en font toute la beauté.
Retrouvez ici la suite de mon propos.
Michaël Quernez
Maire de Quimperlé
Quimperlé, le 8 janvier 2016
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