C'était le 26 janvier dernier à Rennes.
Le Carrefour des gestions locales de l'eau.
Où je présidais l'atelier consacré à la mise en place du Plan Algues vertes.
Chacun s'en souvient en effet, le 20 août 2009, le Premier ministre, François Fillon, se rendant à Saint-Michel-en-Grève (Côtes d’Armor), accompagné de trois de ses ministres, annonçait lors d’un point presse, que l'État allait "prendre à sa charge le nettoyage des plages les plus touchées, celles qui présentent des dangers de santé publique".
Il annonçait également la création d'une "commission interministérielle » chargée de bâtir un plan d’action pour lutter contre la prolifération des algues vertes.
Et affirmait enfin sa volonté de vouloir lancer une expérimentation réunissant l’ensemble des collectivités et des acteurs locaux, autour de l'État, pour étudier la mise en place de politiques nouvelles de lutte contre la prolifération des algues dans les baies de Lannion et de Saint-Brieuc.
L'État par ces annonces reconnaissait ainsi enfin sa responsabilité dans ce dossier.
Et signifiait, officiellement le 5 février 2010 à Rennes, sa volonté de la mise en place de politiques nouvelles de lutte contre la prolifération des algues vertes annoncées, par l'annonce du plan algues vertes.
Un plan qui comporte trois volets comme l'a rappelé la représentante de l'Etat :
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un volet relatif à l'amélioration des connaissances et la prévention des risques,
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un volet curatif de ramassage et de traitement des algues, et enfin
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un volet préventif visant à limiter les flux d'azotes vers les côtes, partant du principe que c'est bien l'azote qui est le facteur limitant de la croissance des algues vertes dans les eaux littorales bretonnes durant la période estivale, qu'un seuil de 5 à 10mg de nitrate par litre ne devait donc pas être dépassé de mars à septembre pour qu'une réduction sensible des marées vertes soit observée.
Un volet préventif qui souligne que ces nitrates étant très largement d'origine agricole, il s'agissait bien de revoir en profondeur les systèmes de production sur les bassins versants concernés.
Un volet préventif mis en oeuvre au travers des appels à projets territoriaux qui ont été lancés sur les deux sites pilotes des baies de St Brieuc et les bassins versants de la Lieue de Grève.
Des projets qui nous ont été présentés successivement par M Alain Martin, Vice-Président de la coopérative du Gouessant pour le site de la baie de St Brieuc et par M Jean Claude Lamande, vice-président en charge de la politique des bassins versants au sein de la Communauté de Lannion Trégor Agglomération pour ce qui concerne les bassins versants de la lieue de Grève.
Des appels à projets territoriaux qui mettent en avant notamment :
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L'engagement des agriculteurs.
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La définition d'une stratégie foncière et la création d'outils fonciers adaptés.
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L'implication des acteurs de la filière.
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L'implication des collectivités
Des projets en cours d'examen par le Comité scientifique créé à cet effet.
Que retenir de cette table ronde. L'état d'esprit tout d'abord. Constructif, très respectueux, des attentes des uns et des autres et des contraintes rencontrées.
Sur le fond. Une claire conviction partagée qu'un temps long sera nécessaire pour reconquérir la qualité de l'eau et obtenir des effets tangibles et visibles sur les algues vertes.
Que les exploitations agricoles situées sur les bassins versants concernés devront être accompagnées dans leurs profondes mutations des systèmes, notamment par les acteurs de la filière, coopératives et industries de transformation, voire par la Grande distribution de proximité, afin de garantir des débouchés aux nouvelles productions et donc des revenus pour les paysans.
Que les diversifications de production, que les circuits courts, que les systèmes herbagers, et biologiques devront être privilégiés.
C'est d'ailleurs cette participation des industries amont qui semble aujourd'hui poser question. A ce stade, il semble en effet que les dossiers déposés des deux baies des Côtes d'Armor patissent d'un manque d'implication et d'engagement de ces acteurs.
Dans l'attente des projets finistèriens. Les projets finistèriens sont en cours d'élaboration. Notamment pour les baies de Douarnenez et de Concarneau. Ils devront tirer les conséquences des démarches enagagées en Côtes d'Armor. Et notamment la difficulté d'associer l'ensemble des acteurs de la filière à la réflexion et à l'élaboration de projets suffisemment ambitieux et viables économiquement.
A noter que cette table ronde n'a pas évoqué les aspects curatifs. Ramassage et traitement. Nous y reviendrons donc dans une prochaine note.
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