C'était cet après-midi. Je présidais le Conseil d'Administration du Centre Hospitalier de Quimperlé.
A notre ordre du jour le tout nouveau projet médical d'établissement.
On n'y évoque plus le fonctionnement de la maternité ni de la chirurgie...
Une page de l'histoire du CHQ est bel et bien tournée.
Je me suis battu avec beaucoup d'autres pour le maintien de ces services. Élus, partenaires sociaux, Comité de défense. Pendant des années on a refusé de transiger, d'accepter la volonté des autorités de tutelles relayée par la direction du CHQ.
Mais tout a changé en quelques années pour le service public hospitalier dans notre Pays.
Des réformes majeures ont ainsi été engagées, avec pour buts ultimes, au nom du principe de "la graduation des soins" et de la sécurisation des patients, la concentration des moyens humains et techniques "lourds" sur des centres dits de référence ou des CHU. Avec pour corollaire moins avoué mais bien réel : la recherche de l'équilibre avec les cliniques mutualistes et privées pour certaines activités, dont celles dont il est question ici.
Le bras armé de cette réforme est la TAA., la Tarification A l'Activité, qui est passée cette année à 100%. Alors qu'elle n'était que de 30% il y a encore 4 ou 5 ans. C'est à dire qu'un centre hospitalier qui souhaite aujourd'hui développer certaines activités, dont la chirurgie et la médecine, ne peut plus compter que sur ses seules recettes d'activités pour financer le fonctionnement de ces services.
Une maternité qui fait moins de 900 accouchements est déficitaire. Un bloc opératoire qui fait moins de 2000 actes est aussi déficitaire, surtout lorsqu'il s'agit d'actes de "base".
On est bien loin vous me direz d'un fonctionnement de service public. Vous avez raison. Un centre hospitalier aujourd'hui se gère comme une entreprise.
Le but étant de dégager des bénéfices pour pouvoir investir. Et ainsi ne plus compter progressivement sur l'Etat et ses dotations dîtes d'intérêt général. (Il n'en a tout simplement plus les moyens... d'où cette réforme).
En d'autres termes pour continuer à faire fonctionner ces services au CHQ il fallait compter sur le surcroît d'activité d'autres services pour compenser les "pertes" financières de ceux-ci. Autant dire mission impossible.
C'est ainsi que l'on contraint, que l'on oblige les hôpitaux de proximité à se départir de ces services au nom des principes précédemment évoqués et qu'on les "invite" à assumer d'autres missions de santé publique de proximité, pour couvrir des besoins non couverts jusqu'alors... faute de moyens...
Face à cette situation, face à la crise démographique médicale vécue par le CHQ, après avoir subi les conclusions d'une mission d'inspection sans nuance, nous nous sommes donc entièrement mobilisés ces derniers mois pour que le CHQ puisse s'investir dans d'autres spécialités, plus "rémunératrices" et donc plus porteuses d'avenir dans le système en vigueur, et bien entendu adaptées aux besoins de la population.
Avec pour objectif également de maintenir l'emploi voire de le développer.
Le projet médical approuvé ce jour à l'unanimité doit y contribuer. Les partenaires sociaux, élus, médecins, représentants des usagers ont ainsi pris ensemble leurs responsabilités.
Avec amertume certes mais nous n'avions pas d'autres choix.
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