" Permettez-moi, en ces temps essentiels, un peu de politique réalité.
Notre président actuel et candidat sortant en campagne est particulièrement ébouriffant au point de faire de l’art politique une caricature en trompe l’œil. En effet, se prétendre candidat du peuple relève d’une pure supercherie, fût-elle indûment inspirée par une quelconque stratégie de communication électoraliste. Qui plus est, le scrupule n’est manifestement pas inscrit à son capital génétique. Son discours de candidat faisant du logement pour tous une priorité me scandalise au plus haut point lorsque dans le même temps, président en exercice, il décide de mesures absolument indécentes touchant au logement social. Plus qu’un désengagement financier de l’Etat, c’est bien une usurpation du bien collectif dédié par nature à nos concitoyens les plus défavorisés dont il s’agit.
La première des mesures décidée pour 2012 a été, contrairement à ce qui se pratiquait par avant, de limiter l’augmentation de l’allocation personnalisée au logement (APL) à 1% alors que l’indice de référence des loyers évoluait de 1,9%. Ceci a pour effet immédiat d’affaiblir les capacités financières des locataires, notamment des plus pauvres. Mais faire payer les pauvres, et les rendre encore plus pauvres n’est pas une chose qui affecte le quotidien de Nicolas Sarkozy. Déjà, l’an dernier, il a décidé d’appliquer un prélèvement sur les organismes HLM, qui comme chacun sait, ont pour objet social de produire du logement à « loyer modéré » et donc abordable pour les plus modestes d’entre nous. Ce prélèvement se fait au détriment de la production de logement, certes, mais surtout à celui du rythme nécessaire des travaux de réhabilitation du parc existant. Des travaux qui visent essentiellement à améliorer la performance énergétique des logements, et par voie de conséquence à réduire les charges locatives. Ce prélèvement est donc un non-sens politique mais aussi économique car il affecte directement le niveau d’activité des entreprises du bâtiment et par effet induit l’emploi, qui si je ne m’abuse, constitue aussi une priorité affichée de notre président candidat. Je ne veux surtout pas oublier l’augmentation récente de la TVA de 5 à 7% et qui, « tout naturellement » n’a pas épargné le logement social. Tiens donc!
Bien-sûr, notre président candidat me répliquerait ceci : « Mais, mon « pauvre » Monsieur Tanter, vous oubliez que la crise est passée par là, qu’elle est même encore là, et que mon devoir est de rétablir le budget de la France ! »
Chacun sait, cela est évident, que la crise a été le fait des plus pauvres, et qu’il est naturel qu’il faut rendre ces plus pauvres encore plus pauvres ! Les plus riches, que Nicolas Sarkozy a rendus encore plus riche grâce à ses cadeaux fiscaux, bien-sûr, n’y sont pour rien et ne seront qu’à due proportion mis à contribution.
Et oui, Monsieur Sarkozy, je vous trouve insupportable lorsque vous osez, en une pseudo- réplique au discours de François Hollande, dire que vous voulez diminuer le nombre des pauvres.
Expliquez-moi pourquoi, en ce début d’année, vous continuez votre politique de désengagement envers le logement social, avec pour conséquence une amplification des précarités ?
Lors du dernier Comité Régional pour l’Habitat à Rennes, le Préfet de Région a annoncé les crédits délégués à la Bretagne pour 2012 pour ce qui concerne la construction de logements locatifs sociaux. Sans rentrer dans le détail, l’enveloppe allouée est de 10 millions d’€ contre 12,4 en 2011, soit 18, 6% de moins. Cette dotation est à mettre en perspective avec les 20 millions d’€ prélevés aux organismes HLM (voir plus haut). Les délégataires bretons des aides à la pierre avaient exprimé des besoins régionaux en logements familiaux à hauteur de 4 139 logements. L’Etat n’en a délégué que 2661, et ce avec des dotations unitaires par logement moins favorables. Pour le Finistère, ce sont 680 logements familiaux qui pourront être réalisés par rapport aux besoins exprimés qui étaient de 1051, soit près de 35% en moins! 371 familles attendront plus longtemps, beaucoup plus longtemps, pour obtenir un logement social.
Je rajouterai à cela la baisse importante et la réorientation des crédits de l’Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat (ANAH) pour les propriétaires privés, bailleurs et occupants à revenus modestes. C’est pourtant une autre réalité affligeante.
Comment donner crédit à un candidat qui promet ce que le Président ne veut pas faire, pire qui assume le contraire ? Un contraire qui ne reconnait pas les priorités du peuple, les vraies qu’un président de tous les français doit prendre en compte au titre de la solidarité nationale.
Le logement pour tous est un besoin de première nécessité. C’est un grand thème prioritaire exprimé par les français à l’entame de cette campagne présidentielle.
Je note simplement que pour Nicolas Sarkozy, la réforme du permis de conduire apparaît aussi, aujourd’hui, comme une priorité ! … …ou comme une diversion ?
Comprenne qui voudra, "
Raynald Tanter
Vice-président du Conseil général en charge du logement
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