La transition économique, sociale, et écologique est en marche.
Nous le savons tous. Il en va tout simplement de notre avenir collectif, des générations futures.
En d’autres termes nous n’avons plus le choix. Et il y a urgence.
Aussi, au lieu de subir les conséquences induites par notre modèle de développement des dernières décennies, il nous faut agir massivement et durablement en conduisant par des réformes ambitieuses les nécessaires mutations.
L'épuisement des énergies fossiles sur lesquelles celui-ci a tant reposé ces dernières décennies a engendré, nous le savons, le réchauffement climatique qui bouleverse les équilibres planétaires et renforce les inégalités profondes à l’œuvre de part le monde.
La Conférence environnementale organisée fin septembre par le Gouvernement porte à mon sens cette ambition de transition économique, sociale et écologique en proposant que la France, l'Europe, évoluent progressivement vers un nouveau modèle de production, mais aussi de consommation. (Et pas uniquement une transition écologique comme cela a été trop simplement présenté).
En proposant tout simplement une révolution des mentalités aussi, en n’indexant plus notre modèle de développement à l’aune uniquement de préoccupations de conjoncture économique et de taux de croissance.
En affirmant haut et fort que la consommation matérielle ne peut plus être l’unique indicateur de développement de notre société.
En changeant d’indicateurs de croissance. Le PIB seul est un indicateur révolu. Il faut dépasser l’analyse dit du "carré magique » où la croissance, l'inflation, le chômage et les comptes extérieurs seraient en effet seuls censés mesurer la santé d'un pays. Ce totem doit être définitivement désacralisé.
D’autres approches sont possibles et nécessaires. L'indice de développement humain (IDH), l'indice de santé sociale, le BIP 40, un baromètre tentant de mesurer à partir des informations disponibles les inégalités et la pauvreté en France, peuvent aussi nourrir nos réflexions et surtout nous permettre d’évaluer le résultat de choix politiques sur ce qui fait une économie saine et une bonne société.
Une « économie écologique » porteuse de croissance, de création d'emplois et de pouvoir d'achat pour les français.
Une économie qui porte la transition des filières industrielles et du tissu économique des PME /TPE.
Citons le soutien au développement des énergies renouvelables, aux biotechnologies vertes et bleues, à la rénovation énergétique des bâtiments, à la valorisation de la biomasse agricole, à la mobilité décarbonée, à la valorisation des matières premières agricoles…
La Bretagne a dans ce contexte des défis majeurs à relever mais surtout des cartes maîtresses à jouer.
Nous le savons, la Bretagne est confrontée notamment à sa dépendance énergétique, même si la situation évolue favorablement.
D'où l'impérieuse nécessité qui est la notre de lutter tout d'abord contre les « passoires » thermiques de nos logements, et ainsi combattre la précarité énergétique. En redonnant par là même du pouvoir d’achat aux ménages français.
En effet, et notamment hors pèriode de croissance,la réponse traditionnelle des socialistes a toujours été la relance par la consommation. Aujourd'hui, la priorité pour accroître le pouvoir d'achat est plutôt de réduire de façon importante les dépenses contraintes qui pèsent sur les ménages : énergie, transport, logement...
Le « plan bâtiment durable breton » porté par la Région et l’Etat, annoncé il y a quelques semaines doit ainsi permettre à la fois de construire les nouveaux logements dont nous avons tant besoin pour faire face au retournement démographique de la Bretagne, et rénover un parc immobilier vieillissant et énergivore.
Un plan massif qui doit permettre de faire baisser les factures qui grèvent près de 10% du budget des familles, de 50 à 250 euros par mois selon les situations, et de relancer la filière bâtiment en créant aussi de l'emploi.
Économiser les énergies fossiles c'est développer les transports publics, comme le TER, c'est encourager les éco-mobilités, avec la voiture intelligente et décarbonée.
Félicitons-nous ensemble du pari qui est en passe d’être gagné par Bolloré, sa Blue car et sa batscap.
C'est encourager le fret des marchandises. Là encore nous pouvons saluer Combiwest et le risque pris par la SICA.
Des économies d'énergie donc. Et de la production d'énergies nouvelles et renouvelables.
Là encore la Bretagne a son avenir entre les mains. Les énergies marines, la valorisation de la biomasse agricole sont en effet au cœur de notre développement territorial à venir.
Brest doit être la capitale des énergies marines. Le projet du développement du port de Brest répond à cette opportunité.
La biomasse agricole doit être valorisée. Oui à la méthanisation à taille humaine productrice de chaleur.
Ce nouveau modèle de développement est je crois aussi une réponse adaptée à la crise économique et sociale que nous vivons, à la désindustrialisation de certains de nos territoires qui en est la traduction concrète, avec son lot de précarités grandissantes et de chômage.
Car ce nouveau modèle doit aussi s’attacher à briser les fractures territoriales à l’œuvre.
Il doit limiter les concentrations urbaines, et lutter contre la désertification et la désindustrialisation des territoires ruraux.
N’oublions jamais que les ouvriers constituent le « groupe social » le plus représenté dans les campagnes (32% pour 6% d’agriculteurs). Alors qu’ils ne sont que 22% dans les aires urbaines.
Les Gad, Doux, Tilly Sabco, Marine Harvest, Boutet-Nicolas sont implantées dans des villes et bourgs industriels ruraux.
Cette transition économique, écologique et sociale est aussi une réponse politique à la montée des extrémismes et du front national en particulier.
Partout en Bretagne, nous devons donc nous mobiliser pour que cette transition économique, sociale et écologique soit génératrice de richesses, d'emplois, qu’elle soit garante de notre bien vivre ensemble.
Ce nouveau modèle suppose enfin une capacité à agir. Que l’Etat retrouve ses marges de manœuvre budgétaire, que son premier budget ne soit plus le remboursement de sa dette synonyme de dépendance, que nos collectivités aient aussi territorialement de réelles capacités à faire émerger les énergies créatrices.
Cela suppose une fiscalité au service de l’intérêt général porteuse de solidarités entre chacun d’entre-nous et réductrice des inégalités territoriales.
Ce nouveau modèle porte enfin l’exigence de justice fiscale.
Michaël Quernez
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