Loi de modernisation de l’économie et écotaxe : le double jeu de la grande distribution
« Il n’est pas raisonnable de demander de nouvelles dérogations bretonnes, parce que cela susciterait, normalement, les revendications d’autres régions », avait déclaré vendredi sur Europe 1 le président de la Région Bretagne.
Pierrick Massiot préconisait de reporter sur la distribution l’augmentation sur le produit fini. Mercredi 16 octobre, les chefs d’entreprise des magasins indépendants bretons E.Leclerc, Intermarché et U ont fermé leurs établissements de 9h à 10h en témoignage de leur solidarité avec les opposants à l’écotaxe. « Il y a beaucoup d’hypocrisie dans ce comportement dans la mesure où, en amont de tout cela, la grande distribution a largement contribué aux difficultés de l’agroalimentaire », souligne Pierrick Massiot.
Vice-président Economie et Insertion du Conseil général du Finistère, Michael Quernez enfonce le clou. « J’aimerais que les capitaines de la grande distribution nous expliquent clairement les effets induits par l’application de la loi de modernisation de l’économie (LME) de 2008 », explique-t-il. « Car les transporteurs ont été tenus d’augmenter leur rythme de livraison afin de faciliter la gestion des stocks de la grande distribution. Cette loi a généré une intensification des flux de transports ».
Donc des dégâts en matière d’environnement et des coûts supplémentaires à venir du fait de l’écotaxe. La loi LME impose en effet des délais de paiement plus courts, ce qui oblige les hypermarchés à payer avant l’écoulement total du stock. La grande distribution demande donc aux producteurs de livrer uniquement les quantités qui seront écoulées dans le mois, quatre fois 10 tonnes au lieu d’une fois 40 tonnes par exemple. Ce qui occasionne des coûts de transit plus important (transport+dégroupement de commandes), mais aussi des commandes de dernière minute occasionnant des flux tendus dans l’ensemble des opérations de production, une contrainte particulièrement difficile à gérer pour ce qui concerne les animaux vivants.
Les responsabilités sont très partagées sur ces questions. Que chacun balaie devant sa porte! Parce que l’écotaxe ne doit pas être le bouc émissaire des défaillances de certains acteurs de l’agroalimentaire breton », affirme Michael Quernez.
« Nous devons supprimer le dispositif tel qu’il a été imaginé par les législateurs à l’époque de sa création. Il est inopportun. Il ne faut pas l’appliquer. Ce n’est vraiment pas le moment. En revanche nous pourrions réfléchir à la mise en œuvre d’une éco-contribution, source de transition écologique et sociale. Cela aurait du sens et permettrait d’interroger les pratiques professionnelles tout en contribuant au financement des infrastructures de transport que nous réclamons à cor et à cri ».
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.