Une rue de Quimperlé porte son nom, toute proche de celle de Victor Schoelcher autre symbole de l'abolition de l'esclavage en 1848. En 2006, j'ai rencontré Aimé Césaire à la mairie de Fort-de-France. Cet homme de 93 ans dégageait une impression de sérénité, et une force intérieure, due à sa passion pour le peuple antillais. Pourtant le récit de son parcours intellectuel et politique est tempétueux. Cet homme littéraire au contact de Léopold Senghor à Paris, défendra l'identité et la fierté des populations noires. Cet engagement s'est heurté aux idées colonialistes de son époque. Les peuples européens oublient facilement cette phase de l'histoire, où des villes comme Saint-Malo ou Nantes, ont prospéré sur la traite des esclaves noirs.
Aimé Césaire, par sa capacité intellectuel exceptionnel a fait ce travail de rupture, en revendiquant l'identité et l'histoire de son peuple. La négritude est son slogan de fierté.
Pendant l'entretien, avec émotion, il m'a raconté, une rencontre qui l'a marqué lors d'un voyage officiel en Casamance au Sénégal. Face à lui s'avançait une femme identique à sa grand-mère, cette apparition est le lien avec l'Afrique mais aussi un retour sur ses origines. Le lien des Antilles avec le trafic des esclaves est bien réel, créant l'identité créole, issue aussi d'une société esclavagiste qui considérait les Hommes comme du "mobilier".
Le combat de Césaire est de faire connaître l'identité et la fierté d'appartenir à une culture qui soit reconnue.
Il appréciait aussi en homme de lettres, la spécificité de la Bretagne au sein de la France. Homme politique, il a obtenu que les territoires Outre-Mer issus du colonialisme, soit à égalité avec les autres départements français. Engagé au parti communiste martiniquais, puis au parti progressiste, député et maire de Fort de France, Aimé Césaire est le représentant politique, symbole de tous les martiniquais.
Il n'a revendiqué, ni l'indépendance, ni l'autonomie, mais d'être traité à égalité avec les citoyens français.
Issu d'une famille modeste, brillant élève, il a acquis une culture littéraire française, mais il n'a pas oublié les souffrances de son peuple humilié et exploité par les colons qui se sont enrichis pendant deux siècles.
Né au début de la première guerre mondiale, il a redonné à son peuple, ses racines, sa fierté, et sa culture.
Les touristes sur les plages aux cocotiers, devraient lire Aimé Césaire pour comprendre la Martinique
DANIEL LEBRAS
Conseiller Municipal
Martinique, Avril 2008
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