J'ai présidé il y a quelques années le Conseil d'Administration du Centre Hospitalier de Quimperlé.
J'ai alors été confronté à la complexité des questions de santé publique dans un contexte de restructuration hospitalière forcée et imposée.
Le dossier le plus difficile que j'ai eu à porter pendant mon mandat passé (2001-2008).
Et disons que la fermeture de la "chirurgie-maternité" restera comme étant la décision la plus difficile à "acter".
Au cours de ce mandat, je n'ai eu aussi de cesse de dénoncer, au moment de sa préparation et des débats parlementaires, la loi du 21 juillet 2009 dite loi HPST (hopital-patients-santé-territoires) et ses conséquences.
Dont la substitution des ARS aux ARH.
Et me suis alors largement inquiété de la capacité réelle des ARS à faire effectivement de « la démocratie sanitaire » un enjeu prioritaire de son action au quotidien, et non un simple slogan.
Et également de leur capacité à prendre en compte efficacement les questions liées au médico-social. Une des évolutions majeures de cette loi.
Alors au moment de l'examen du Programme Régional de Santé au Conseil général semaine passée, nous avons pu juger sur pièce de la capacité réelle des ARS à bien prendre en compte notamment les questions liées aux personnes âgées.
Disons que nous sommes contraints de constater que l'ARS de Bretagne est restée hospitalo centrée. Elle est restée ARH.
J'en veux pour preuve le fait que l'ARS a tout simplement omis de prendre réellement en compte les attentes des Conseils généraux, contrairement à ce qu'elle prétend, dans ce PRS.
Puisque nous avons des compétences légales dans le domaine des personnes âgées et des personnes handicapées, que nous avons des responsabilités fortes en matière de prévention et de protection maternelle infantile (PMI), et que nous avons pour mission d'aider à l'insertion professionnelle des personnes précaires notamment les bénéficiaires du RSA, qui ont des difficultés à accéder aux dispositifs de prévention et d'accès aux soins, l'ARS aurait du conduire avec les Conseils généraux de Bretagne des discussions privilégiées et renforcées.
Il n'en a rien été. C'est d'ailleurs ce qui nous a conduit à voter à l’unanimité un avis défavorable au Département. On sait aussi que le Conseil Général d’Ile et Vilaine et celui des Cotes d’Armor proposeront eux aussi un avis défavorable.
Quant à la majorité du Conseil général du Morbihan elle a émis un avis favorable. Mais malheureusement nous en voyons bien les raisons, plus liées à des considérations politiciennes qu'aux fortes attentes des morbihannais.
Aujourd'hui, nous demandons tout simplement que l'ARS prenne en compte l'ensemble des avis émis, ceux des Départements, du Conseil régional émis samedi dernier, mais aussi ceux de la FHF, des associations sollicitées et bien entendu l’avis de la CRSA.
Ceci lui permettrait d'engager en toute sérénité, avec les territoires de santé de Bretagne, les discussions à venir.
Et notamment avec les Conférences sanitaires de territoires, qui ont pour responsabilité d'élaborer les futurs Programmes Territoriaux de Santé d'ici juin prochain.
A ce sujet, dire qu'en tant que membre de la Conférence sanitaire n°3 Lorient-Quimperlé, membre de son bureau, du Conseil de surveillance du Centre Hospitalier de Quimperlé, je suis attentif à ces travaux et ceux à venir.
Et notamment à la mise en oeuvre des Fédérations hospitalières et des équipes médicales de territoire, clefs de voûte de la permanence des soins.
Pour le Centre Hospitalier de Quimperlé les enjeux sont réels. Concernant le laboratoire, la radiologie notamment.
Et comme Ouest-France s'en est fait l'écho il y a quelques jours pour les urgences.
Dire à ce sujet qu'une future fédération est certainement incontournable et donc utile.
Des coopérations existent déjà bien naturellement. Au quotidien.
Mais que celle-ci se devra d'être respectueuse des deux entités. Et qu'en aucune manière, sur l'autel des difficultés liées à la démographie médicale , elle ne devra consacrer un quelconque recul du service public de santé à Quimperlé et de la permanence des soins. En clair, les urgences de Quimperlé doivent garder leur « double garde » et rester accessibles 24h/24.
Ce risque existe. Le Président de la FHF Bretagne au moment des travaux du PRS l'a exprimé clairement en signifiant que les équipes médicales de territoire "peuvent amener à une réduction de l'offre existante".
La vigilance est donc de mise.
Membre du Conseil de surveillance de l'Hôpital et administrateur de la FHF, j’avoue partager les mêmes soucis que Michaël Quernez. En effet, le sentiment majoritaire qui se dégage des discussions, notamment au sein de la Conférence du territoire n°3 et de la FHF, est une volonté des instances gouvernementales et ARS de complexifier la mise en œuvre d’une réelle politique de santé et de poursuivre un désengagement de l’Etat préjudiciable à une cohérence des différents territoires en matière de santé. La gestion de plus en plus financière des unités hospitalières risque de supprimer tout ce qui est du domaine de la proximité. Je pense notamment aux urgences et à la continuité des soins. Il faut rester vigilent.
Rédigé par : Alain Kerhervé | 07 février 2012 à 18:08