"Au-delà de ce qui arrive ou n'arrive pas, l'attente est magnifique".
Cette citation de Breton représente une partie de ce que Gracq a voulu faire comprendre dans son roman "Le rivage des Syrtes".
Un ouvrage qui aurait pu permettre à l'auteur de se voir décerner en 1951 Le Prix Goncourt. Qu'il refusa pour dénoncer (tiens déjà) les compromissions commerciales de tel ou tel prix littéraire.
Julien Gracq s'en est donc allé hier à 97 ans. Il y avait pour moi quelque chose d'intemporel dans cet auteur. Tout simplement mon auteur préféré. Jamais je n'avais imaginé qu'il puisse d'ailleurs être encore vivant...
Il a bercé mes années 90. Celles de mes études, celles où je lisaient beaucoup, énormément. Et Aldo le héros du "Rivage des Syrtes" a marqué cette époque.
Un ouvrage sur l'attente. L'attente de l'autre, des autres, l'attente du choc des civilisations, l'attente d'un évènement réel ou rêvé, sur fond de guerres, possibles ou imaginaires.
J'ai lu ensuite avec passion "Au Château d'Argol", "Un beau ténébreux", et bien d'autres ouvrages de Julien Gracq qui aujourd'hui habitent ma bibliothèque.
A côté d'un autre ouvrage de 1938, "Le désert des tartares" de Dino Buzzati.
Oui Michaël nous avons au fond de nous ,des émotions enfouies liées à certains auteurs .Je connaissais pas Julien Gracq , le désert des tartares si , mais le roman qui ma le plus touché, c'est : le premier cercle de "Soljenitsyne" j'avais 16ans en 73 ,et je me rappel encore les larmes qui montaient aux yeux , quand je parlais des prisonniers de la charachka de Mavrino près de Moscou où se passe l'histoire se sont des scientifiques et intellectuels de haut niveau qui ne subissent pas l'horreur des camps de travail ordinaires mais sont obligés de contribuer à la recherche technique pour la grandeur de l'URSS.
Soljenitsyne y dénonce le système soviétique et en particulier le stalinisme de l'après seconde guerre mondiale. Aucun domaine n'en réchappe; l'auteur souligne l'absurdité et le non sens des mesures en vigueur à l'époque que ce soit dans le système judiciaire, militaire, politique, scientifique, carcéral, économique, intellectuel ou administratif.
Je crois qu'un livre peut faire grandir, et pas seulement en montant dessus!
Rédigé par : Jacques Canevet | 24 décembre 2007 à 14:22